Sujet : Le labyrinthe olfactif : Une merveille ! | | Posté le 01-07-2004 à 22:58:25
| C'est à Lille que j'ai découvert une partie de l'univers de Serge Lutens ce premier juillet 2004. Le Labyrinthe olfactif qu'il a conçu pour les Microfolies de Lille 2004 est une véritable cathédrale qui abrite des senteurs propres à éveiller en chacun de nous des émotions immédiates, comme sorties de notre mémoire reptilienne. (Pour autant que les reptiles aient une mémoire ! ). Une merveille ! |
| | Posté le 02-07-2004 à 07:57:16
| Merci Caroline de partager tes impressions ! C'est coooool ! On a rdv avec les gens du Forum, pour se rendre ensemble au labyrinthe... en principe le 25 juillet ! Encore un peu de patience grrrr ! |
| | Posté le 13-08-2004 à 14:07:09
| En exclusivité pour le forum de Serge Lutens et ses fidèles !!! Dans l'ordre, l'intégralité des textes (en français) du Labyrinthe Olfactif accompagnant chaque fragrance. Ces textes seront remis en page avec des photos, sur le site, à mon retour de vacances. En attendant, nous (Cuauhtli, Thibault et moi) vous offrons le fruit de nos recopiages intensifs. Bonnes vacances à toutes et tous ! NB : ne pas lire si vous comptez visiter le labyrinthe, ce serait dommage Devant l’entrée, message de Serge Le labyrinthe olfactif est un chemin, un stimulateur de la mémoire. Chaque senteur présentée ne vous limite pas à la frontière de l’odorat. De la joie à l’aversion, du goût au dégoût ! J’en ai imaginé l’architecture non pas en véritable laboratoire mais comme un « dédale » (du nom de son créateur) qui, ici, est un conducteur, un rêve, un lieu sans repères issu de l’expressionnisme allemand, son cinéma, sa peinture et son utopie. Univers conducteur de lumière et de senteurs… Une cathédrale de béton. Architecture du labyrinthe : Takeo Irai 1. Café et chicorée chauds Dans chaque demeure sur la partie réservée de la cuisinière (pas trop chaude), l’attendu et l’inattendu auront toujours prêt leur café chaud, tiède, au mélange de chicorée. Il est, de fait, le parfum permanent de la maison, sa mémoire. 2. Le pain chauffé ou toast Les boulangers, ces anges blancs qui effectuent ce travail d'enfer, je les ai regardé des heures durant enfermer et cuire dans leurs fourneaux le pain chaud au parfum inoubliable. Le pain, ce que j'aime le plus au monde ! 3. Le troène Le long des haies souvent taillées, leur parfum est intense, vert et miel, en fond le jasmin du Nord. 4. La lessive La planche de bois lisse et glissante, la brosse dure, la mousse parfumée au savon de Marseille, un souvenir de linge propre, des mains aux doigts plissés par l’eau… Inoubliable. 5. Le nougat Sa pâte blanche, souple, aux amandes, émet un parfum de désir… 6. Une coquille... ou brioche La première fois que j'ai évoqué la coquille à Paris, toute l'assistance a ri, pensant qu'il s'agissait d'une coquille Saint-Jacques. Pourtant, à Lille, c'était tellement courant, cette brioche brillante à deux têtes. 7. Les lilas Le lilas mauve ou blanc : il annonçait par ses fleurs l'arrivée du beau temps. J'ai souvent senti sa merveilleuse odeur dans les jardins et pourtant rien ne me serait plus antipathique qu'un parfum au lilas. 8. Les vêpres La messe, j’aime les églises vides, le confessionnal, les bougies, les statuaires belles ou laides de représentation du Christ crucifié. Image imposante et terriblement vivante… Le mystère, la mystique. 9. Parquet ciré à l'encaustique Il y avait souvent - dans certaine maison - des pièces pour recevoir. On n'y entrait jamais. Ces pièces étaient cirées, on y sentait l'encaustique. Un ordre précis et laid y régnait. Sans doute une part de rêve des maîtres de maison. 10. Pluie sur les pavés L'odeur du nikel est particulière pour l'avoir constaté. Les pavés du Nord sont en silex, la senteur de l'étincelle est présente en leur coeur. Le métal des rails de tramway, les pavés de silex sont indissociables de mon image du Nord. Les averses subites d'été, d'automne, de printemps ou d'hiver donnent de la terre une senteur attendue. Et en fait, lorsqu'on la sent, l'on pense que nous aussi nous attendions la pluie. 11. Chocolat chaud Comme c'est bon, comme c'est doux, rassurant, calmant et éternel, de temps en temps obligatoire. 12. Pain d'épices Le pain d'épices aux senteurs corsées, je le connais et le reconnais après l'avoir détesté... Nous demeurions proches d'une usine fabriquant ce même pain d'épices. C'est plus tard à travers son parfum, que je me suis attaché à son goût si particulier. 13. Le Canal de la Deule Un canal s'est perdu sur le plat pays qui est le mien, les péniches glissent lentement pour quitter tout. Pour finir, je reste, l'odeur est inerte, âpre. 14. Feuilles d’eucalyptus sur le fourneau La maison est fermée. Il fait froid, très froid. Les plaques de la cuisinière sont rouges et respirent entre le violet et le rouge. Parfois, contre la peur du rhume, l’on y posait des fruits d’eucalyptus qui se goudronnaient immédiatement. Il en émanait une senteur diaboliquement purifiante. Beaucoup plus tard, cela sentait le bonbon. 15. Naphtaline sur linge propre Le linge propre aux senteurs de naphtaline, fortes et protectrices. J’ai fini par les aimer. 16. Ecorces de mandarine chauffées Les écorces de mandarine sur le feu, un vrai plaisir, sont les premiers parfums de maison. La peau de mandarine est composée de petites phères remplies de nectar très odoriférant. Elles éclatent en libérant une senteur de patisserie inoubliable. 17. Rose de jardin Ses pétales sont si doux, si fins au toucher, sans doute l’idéal inimaginable de la plus belle peau du monde. Son parfum, ou plutôt ses parfums sont sans nombre. Dire la féminité, dire la femme, c’est impossible. La rose partage cette particularité qu’on ne peut l’apprécier qu’au singulier. 18. Ambiance Brasserie Accompagner ses parents au café était chose courante. C’était ennuyeux mais eux s‘amusaient. Pendant ce temps, on est libre… Quelques tables conviviales de joueurs s‘amusent des mêmes blagues. L’odeur est indéfinissable, sciure, bière, fumée de cigarettes, un parfum très humain, très primitif, pas sensuel. 19. Marrons grillés J’aime ces fourneaux de fer blanc. L’hiver, l’on vous sert des marrons très chauds, souvent brûlés en surface, dans un petit cornet de papier. Quel que soit le goût que l’on ait pour les marrons, le plaisir d’en acquérir quand il fait froid réchauffe les doigts. C’est merveilleux et on les aime. 20. Caramels au beurre Ils sont irrésistibles, leur seul parfum est une gourmandise. Il est presque décevant de passer à l’acte, c’est à dire de les croquer. 21. La baraque de moules-frites Les frites – ne pas confondre avec les pommes-allumettes -, les moules au vin blanc, moules-frites et condiments. Des frites vraies, épaisses, cuites et recuites jusqu’à trois cuissons, grasses, glissées dans un cornet de papier tout de suite gras, bien chaudes et saupoudrées abondamment de sel, agrémentées de condiments, câpres, moutarde, vinaigre, mayonnaise, voire confiture. L’odeur s’accompagne de moules en cornet de papier. Très prégnante, elle reste très présente. Au moment de la braderie, des monticules de coquilles de moules s’accumulent devant chaque café. 22. La fleur de lys Le lys, ce pur blanc-neige, douceur capiteuse. Le lys, cette fleur noble du jardin. Merci à Serge pour ce moment de magie (et nostalgie) olfactive. Merci à Cuauhtli, Thibault et Matt pour avoir recopié et/ou photographié ces superbes commentaires. |
| | Posté le 16-08-2004 à 15:13:18
| Cela donne vraiment envie d'y aller... |
| | Posté le 16-08-2004 à 16:24:05
| Ah oui, Mickey! Je croyais que ça se terminait en août, mais apparemment c'est prolongé. Oui, cela vaut vraiment la peine. Vas-y, si tu le peux! Nous (Céline, Thibault, leurs amis et moi) avons vraiment eu un triple coup de foudre en ce jour de la fin juillet: pour notre groupe convivial, pour Lille, et pour l'ensemble des expos -pas seulement le labyrinthe , quoique ce soit sans doute ce qui nous a le plus enthousiasmés...- |
| | Posté le 27-10-2004 à 16:12:50
| Merci d'avoir mis les textes, ces magnifiques descriptions d'odeurs qui m'ont tant parlé ce samedi où je suis allée visiter le labyrinthe ! Mes grands parents ont beau être venus d'Italie, ils ont adopté beaucoup de coutumes du nord qui ont rythmé mon enfance ... c'était une bien douce promenade en nostalgie ! Dans un labyrinthe désert en ce samedi matin ! Question idiote : croyez vous que M.Lutens va tirer des idées de parfums du labyrinthe ? Musidora |
| | Posté le 27-10-2004 à 17:01:40
| Je ne suis pas sûr que M. Lutens utilisera encore des références à son passé pour créer des parfums. Il me semble déjà bien loin dans son cheminement et sa recherche. Et de plus, je ne pense pas qu'il aime se répéter. Mais il aime nous surprendre là où on ne l'attend pas. Alors pourquoi pas ? Mais dans l'échnatillon des odeurs du Nord qu'il a sélectionné, je ne vois pas vraiment ce qui ferait un prafum, tel qu'il le définit. |
| | Posté le 27-10-2004 à 21:04:45
| En fait Thibaut, je faisais juste un rêve car j'ai retrouvé dans Pluie sur les pavés un souvenir, même une sensation qui m'est chère. Je suis attachée à une odeur indéfinissable qu'on trouve dans le nord à la tombée du jour vers le mois de mars environ... la température remonte un peu, il fait nuit moins vite, les pluies dégagent une odeur très particulière en ville... chimique et synthètique mais aussi douce et suave, comme si cette odeur annonçait le printemps, des jours plus agréables, le retour des fleurs, de la verdure. Difficile à expliquer car j'avais la sensation que cette sensation dépendait beaucoup de mon odorat et aussi d'une kyrielle de particules, d'un mélange étrange et rare .. or, Serge Lutens a emprisonné dans son labyrinthe une idée assez juste, pour moi, de ce fumet tellement particulier ! Tu me diras encore, rien qui fasse un parfum... alors je te répondrai que si ce parfum existait, je l'achéterai pourtant. Sans doute pas pour le porter tous les jours... mais pour les jours un peu ternes où l'on a besoin d'une étincelle, de charme, d'une élégance tout à fait inutile... mais en effet, c'est tout à fait personnel et ça ne mérite sûrement pas la création d'un parfum. Merci en tout cas de ta réponse qui prouve que tu es mieux renseigné que moi. Musidora |
| | Posté le 28-10-2004 à 11:12:56
| Hello, Je ne suis pas mieux renseigné que toi, car je ne suis pas renseigné du tout ! Mais il me semble avoir lu un article relatif à l'ouverture du labyrinthe où Serge évoquait la somme de travail derrière toutes ces odeurs (qui sont des créations) et que malgré cela, il n'envisageait pas la commercialisation d'un jus. Je comprend très bien ta description. cette odeur on la connait tous, du moins tous ceux qui se sont jamais promenés en ville au Printemps ou à l'Automne. L'humidité ambiante qui émane des pavés gris, éclairés par les lumières de la ville.... je l'identifie très bien avec ta description. Moi-même, quand je cours mon odorat est plus éveillé et alerte. Et quand j'emprunte un trajet urbain, je l'identifie tout à fait ! Peut-être d'autres sur le forum pourront te renseigner: Comme des Garçons a sorti nombre de parfums chimiques qui évoquent des souvenirs tels que celui-ci (église, goudron, nuage, ....). Il se pourrait que l'un d'entre eux s'en approche.... |
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