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 Nouvel Obs, sept.03 - Le charme discret...

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   Posté le 15-01-2005 à 14:23:51   Voir le profil de celine (Offline)   Répondre à ce message   http://www.serge-lutens.com   Envoyer un message privé à celine   

Serge Lutens, le charme discret d’un créateur hors norme
par Christine Ménager

Après avoir, pendant plus de trente ans, révolutionné en beauté l’univers du maquillage et transcendé l’image de Dior puis de Shiseido, Serge Lutens revivifie désormais le monde des senteurs en composant une nouvelle parfumerie d’auteur aux effluves envoûtants. Itinéraire d’un esthète singulier…

Maître parfumeur », l’expression semble avoir été inventée pour lui. Inspiré et cultivé, charismatique et mystérieux, modeste et discret… Comme les essences précieuses qu’il marie à la perfection, Serge Lutens est un être rare et troublant, entre ombre et lumière. Un créateur hors norme, qui collectionne des succès planétaires dans de nombreux domaines : maquillage, photographie, parfumerie… Et aussi un grand solitaire en quête de spiritualité, qui vit depuis plusieurs années en ermite au Maroc, loin des mondanités. C’est d’une voix douce, timide et grave que ce Lillois d’origine évoque avec recul et humour son parcours hors norme dans l’univers de la beauté : « Issu d’un milieu modeste, j’ai passé mon enfance sur une autre planète, dans un monde que je m’étais inventé. À 16 ans, je suis entré comme apprenti coiffeur dans un salon lillois très chic. Par chance, mon style atypique a très vite séduit la clientèle locale. Je suis alors naturellement passé au maquillage avec une prédilection pour les teints pâles, presque blancs. Je réalisais aussi des accessoires sur mesure. » En quelques mois, il laisse exploser son talent et devient ainsi une référence en matière de beauté dans sa ville natale.
Mais c’est en 1963 que son destin bascule, lorsqu’il ose, son book sous le bras, franchir la porte du magazine Vogue : «Trois jours plus tard, je collaborais au numéro de Noël. Ce support était la bible de la mode du moment!» Après, tout s’est enchaîné, «comme dans un conte de fées» : en 1967, il est approché par la maison Christian Dior pour concevoir sa ligne de maquillage. Puis, en 1980, le groupe japonais Shiseido lui confie la création de son image internationale, ainsi que la réalisation des produits et des couleurs de ses gammes de maquillage. «Au Japon, tout me fascinait ! À commencer par cette obsession de la perfection. Je suis directif, exigeant et excessivement précis dans mon travail.» Une collaboration qui, deux ans plus tard, inspirera aussi à Serge Lutens son premier parfum, Nombre Noir, dont le flaconnage fera date.

Le parfum est une écriture

Pour cet esthète qui vit au milieu des livres et des senteurs, le parfum est une écriture. Il affirme être tout autant littéraire qu’olfactif, se plaît à évoquer sa « bibliothèque des odeurs » et confie qu’il découvre parfois ses parfums en lisant. « Le mot et le parfum ont en commun d’être des instruments de l’inconscient. Au fond, pour moi, créer un parfum, c’est avant tout donner vie à un personnage, raconter une histoire, entreprendre un voyage intérieur. » Une inspiration qui n’exclut pas les affres de la création : « Élaborer un nouveau jus n’est pas un plaisir simple ! C’est revenir, se souvenir, oublier, partir, sentir au propre comme au figuré, s’isoler au-delà du raisonnable, regarder et être aveugle. Chaque période de création se vit dans une tension permanente qui ne me quitte pas pendant un an. Jusqu’à la fin, je ne sais pas quelle route je vais prendre. »

Des créations libérées des contraintes du marketing

Ce personnage éminemment courtois, au physique doux de pierrot lunaire, se montre soudain tranchant et intransigeant lorsqu’il évoque l’univers de la parfumerie moderne industrielle. Et de fustiger les effets de mode qui ne font naître que des parfums Kleenex : « La parfumerie de masse s’adresse à des cibles socioculturelles prédéterminées par des bureaux de marketing. Accompagné d’une campagne planétaire, le succès d’un parfum peut être immense, mais il ne tiendra pas sur la durée. » Une intransigeance qui se traduit aussi par le refus de décliner ces fragrances en lignes parfumées.« Un savon ne doit rien sentir d’autre que le savon. Nous vivons dans un monde ou tout "s’odorise" : les bougies, la maison, les voitures… Tout sent beaucoup trop ! Rien à voir avec l’art si subtil et sensuel de se parfumer ! »

Des fragrances grand luxe et hors mode

Pour Serge Lutens, le parfum est le fruit d’une intuition pure, d’une rêverie, d’un fantasme : « En entrant dans l’histoire du parfum, on entre dans celle du monde, de la séduction et même de la spiritualité. À l’origine, on se parfumait pour se purifier, élever son âme et s’attirer la grâce des dieux. La notion d’odeur agréable ou non est avant tout subjective et culturelle. J’ai voulu sortir le parfum de son univers marketing, pour qu’il ne soit plus un simple produit de consommation, mais un produit de la mémoire.» Dans cet esprit, il imagine, en 1990, Féminité du Bois, dont la fragrance construite autour du cèdre de l’Atlas inaugure un nouveau genre olfactif. En ces années 1990 où, tendance minimaliste oblige, l’industrie de la parfumerie ne jure que par la légèreté et la discrétion des «eaux fraîches », les effluves envoûtants de Serge Lutens évoquent les étoffes lourdes et précieuses, le chatoiement de la soie ou la profondeur trouble du velours. « J’ai voulu renouer avec la haute parfumerie d’avant-guerre en utilisant des essences nobles et rares pour créer de vraies parures olfactives au sillage luxueux. » Autre source d’inspiration, les traditions des parfumeurs orientaux qu’il étudie avec passion depuis de nombreuses années. « Le monde musulman est le berceau historique du parfum. Celui-ci n’a fait son entrée en Occident qu’à partir des croisades, en suivant le même chemin que la route de la Soie pour se propager dans le monde entier. Depuis toujours, se parfumer est un véritable art de vivre en Orient : les sultans poussaient le raffinement jusqu’à répartir six ou sept essences différentes sur diverses parties de leur corps, en fonction des occasions. »

Le Maroc : une source magique d’inspiration

À l’origine de sa parfumerie ? La culture hispano-mauresque du Maroc où il vit depuis 1974. « Ce pays, que j’ai découvert en 1968, a joué un rôle de révélateur, de catalyseur. Toutes mes créations sont inspirées de la richesse et du mystère de cet univers oriental. Des parfums que je portais en moi et que Marrakech a sans doute révélés, comme par magie. » Ainsi, Ambre Sultan naîtra du souvenir d’un morceau d’ambre récolté dans un souk, Féminité du Bois de l’odeur laiteuse, délicate et animale croisée dans les menuiseries de la médina, Chergui de la sensation olfactive d’un vent chaud marocain, Rahat Loukoum de la douceur de l’amande amère… Son rêve de parfumeur ? «Créer chez moi, à Marrakech, un conservatoire des parfums pour y créer les plus belles fragrances du monde ou, pourquoi pas, une bibliothèque proustienne qui rassemblerait des milliers d’odeurs !»


Cipria - 01/09/2003

Source : absolufeminin.nouvelobs.com


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Wer, wenn ich schrie, hörte mich denn aus der Engel Ordnungen? - R.M. RILKE

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