| | celine | | Webmiss | | Administrateur |  | | 591 messages postés |
|  Posté le 05-09-2004 à 19:08:21    
| Qui l'a lu et qu'en avez-vous pensé ?? 
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Wer, wenn ich schrie, hörte mich denn aus der Engel Ordnungen? - R.M. RILKE
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| | Cuauhtli | | Modératrice | | Pipelette ;) |  | | 353 messages postés |
| Posté le 05-09-2004 à 19:59:47
| Je l'ai lu il y a longtemps (10 ou 15 ans), j'en avais pensé beaucoup de bien à l'époque.
Daniel Pennac, dans son livre sur la lecture "Comme un roman", en fait la lecture à ses élèves et en parle longuement. A suivre...
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 Cuauhtli
"La terre n'a qu'un soleil" (Proverbe touareg) |
| | Betty Boop | | Fan ! |  | | 88 messages postés |
| Posté le 06-09-2004 à 12:35:26
|  Coucou à toutes et tous les "addicts" de Serge Lutens. J'espère que vous allez bien.
A propos du livre de P. Süskind, je l'ai lu il y a quelques années. C'est un livre qu'on adore ou....qu'on déteste.
C'est l'histoire d'un homme qui s'appellait Jean-Baptiste Grenouille et qui vécut en France au XVIIIè siècle. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n'aurait pas survécu. Mais Grenouille avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l'univers, car "qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le coeur des hommes". C'est un roman qui, dès sa parution, eut un succès extraordinaire et est devenu très vite un best-seller mondial.
Bernard Pivot a dit : "à vue de nez, un chef d'oeuvre"
Sylvie Genevoix : "ici, chaque page sent, on n'a jamais lu çà. Odeur de fleurs, de tourbe ou de sanie, tout est mêlé, avec une extraordinaire virtuosité...".
Je l'ai offert la semaine dernière, en édition de luxe, à un présentateur/journaliste de notre télévision nationale.
J'espère vous avoir été "utile".
A très bientôt  
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| | celine | | Webmiss | | Administrateur | | | 591 messages postés |
| Posté le 06-09-2004 à 13:44:07
| Bonjour Betty Boop,
Merci pour ces informations précieuses sur le livre de Süskind. En fait je l'ai déjà lui, moi aussi il y a bien longtemps et c'est un roman qui m'avait marquée par la singularité de son sujet, la maîtrise de l'écriture (remarquable traduction française qui parvenait à faire sentir chaque odeur !) et le côté malsain de son héros : Grenouille, frappé d'un terrible sort : contrairement aux autres hommes, il ne sent RIEN ! Tout petit déjà, personne "ne peut le sentir" - dans tous les sens du terme.
Pour moi, il s'agit d'un livre étrange et fascinant, d'une grande puissance évocatrice.
Je garde en mémoire l'accouchement de la mère de Grenouille parmi les étals du marché, les années d'apprentissage de Grenouille tandis que son esprit malveillant se développe, sa période d'hibernation (retour au ventre maternel ?) dans une grotte et sa fin tragique et grotesque, effrayante !
Le parfum, qui est associé chez nous à l'image de Beauté et Pureté semble ici être à la fois une arme, un moyen de séduction et bien sûr, de domination. Mais également quelque chose d'indissociable de notre humanité (le fait que Grenouille n'ait pas d'odeur corporelle le pousse à trouver le parfum parfait... parfum parfait qui le conduit à se faire enfin aimer... et dévorer ! Quelle métaphore !!). Il y a beaucoup de chose intéressantes dans ce roman, il est vrai qu'il y a des parfums que l'on a envie de manger ou boire, comme cela a été dit sur le forum... Est-ce souhaitable ? Quel rôle doit joue pour nous le parfum en fin de compte ?
Voilà pourquoi je souhaitais avoir votre avis sur ce livre qui embrasse des thèmes passionnants sur le sujet.
Qu'en pensez-vous ?
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| | Betty Boop | | Fan ! | | | 88 messages postés |
| Posté le 06-09-2004 à 14:14:40
| Bonjour Céline,
Toutes mes sincères félicitations pour cette analyse fouillée, judicieuse et oh combien pertinente sur "le parfum" de Süskind. Décidément, dès que j'en aurai le temps, je vais le relire, afin de m'en ré-imprégner.
Personnellement, je n'ai jamais éprouvé l'envie de boire ou manger un parfum, mais plutôt de verser tout un flacon, dans le fond de la baignoire et de m'y plonger avec délectation.
Pour moi, le parfum est la touche finale, indispensable pour se singulariser des autres. Il est également un atout séduction évident, me semble-t-il; en effet, je me souviens plus particulièrement d'un soir où nous nous sommes installés au restaurant, à côté d'un couple et l'homme m'a immédiatement demandé ce que je portais comme parfum. J'ai eu de la chance de tomber sur un initié; il connaissait Serge Lutens et il m'a même dit..... que c'était certainement lui qui me maquillait aussi!!Je précise que j'étais accompagnée de mon mari et cet homme d'une dame... donc absolument rien de compromettant....
Voilà pour l'anecdote.
J'ai offert à Serge Lutens, lors de sa venue dans notre boutique à Bxl, un livre d'art sur la Belgique, un CD (Sarah Brightmann) et un roman "Musc" d'un jeune auteur anglais, Percy Kemp, que moi-même, je n'avais pas lu. J'en ai acheté un autre il y a quelque temps qui s'intitule "Nectar" de Lily Prior(pas lu non plus!!!). Je scrute absolument tout ce qui sort en matière de livres sur la parfum; on y apprend énormément de choses intéressantes, mais parfois trop techniques....
J'ai beaucoup aimé votre phrase "livre étrange et fascinant"; c'est d'ailleurs comme cela que je qualifierais Serge Lutens, un brin timide aussi.... Tout son univers est étrange et fascinant, mais c'est bien cela qui nous attire, n'est-ce pas?
A très bientôt. Quel bonheur, ce forum, vraiment!! 
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| | celine | | Webmiss | | Administrateur | | | 591 messages postés |
| Posté le 06-09-2004 à 20:17:37
| "Etrange et fascinant"...
Oui, cela me semble bien correspondre à Serge - tout comme les qualificatifs "étrange et pénétrant", pour reprendre les mots d'un cher poète ! Lorsqu'on voit Serge Lutens s'exprimer (je parle ici de ses interventions que j'ai pu voir à la télé), on ressent l'intensité de la flamme qui l'anime : il est à la fois sombre et "crépitant" du regard (si je puis me permettre cette expression ridicule  )
A propos de Verlaine, je vous copie ici ce poème "Mon Rêve Familier" qui m'évoque les sublimes photos de Serge...
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - je l'ignore.
Son nom? je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Je vois tout à fait notre artiste en poète cherchant, à travers à sa femme blanche ( "ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre" ), à recréer sa femme idéale "au regard [de] statue" , idéal mystérieux, amour lointain, apparemment impossible mais qui a peut-être été connu, voire perdu (sa mère ? son grand amour Madeleine ?)...
Bon, je m'emporte, je m'emporte 
Et vous, connaissez-vous des poèmes qui vous semblent proches de l'univers Lutens ?
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| | celine | | Webmiss | | Administrateur | | | 591 messages postés |
| Posté le 07-09-2004 à 01:08:32
| Heuh, cela dit, Serge est-il aussi mélancolique que Verlaine ? J'en doute, lui qui prétend qu'une journée sans un fou rire est une journée fichue ! 
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| | celine | | Webmiss | | Administrateur | | | 591 messages postés |
| Posté le 07-09-2004 à 01:40:42
| Je continue de poursuivre le sujet en rebondissant sur les propos de Betty Boop...
Pour moi, le parfum n'est pas qu'un simple "sent bon" ni un simple "outil" de séduction. Je crois aussi, Betty Boop, qu'il nous permet de nous singulariser et nous rejoignons ici un peu le fameux roman de Süskind : le parfum, à mon avis, fait partie de notre personnalité et nous donne une identité propre. C'est pourquoi, depuis que j'ai découvert le parfum que j'aime et avec lequel je me sens bien, j'y suis fidèle. Un peu comme lorsqu'on rencontre l'âme-soeur ! 
Comme je l'ai déjà dit mille fois ici, je n'aime pas qu'une personne à laquelle j'ai associé un certain parfum en change car cela me perturbe. Dans le même ordre d'esprit, je déteste sentir sur trop de personnes le même parfum, cela le banalise à mes yeux et banalise, du même coup, la personne qui le porte. Je précise que ce n'est que mon avis et que je ne critique nullement les personnes qui se parfument chaque jour différemment 
Je pense qu'on peut aimer plusieurs parfums mais, comme pour quelqu'un qu'on aime, il en existe peu qui vous conviennent parfaitement, qui vous "collent à la peau" et qui embellissent ce que vous êtes déjà.
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