| | celine | | Webmiss | | Administrateur |  | | 591 messages postés |
|  Posté le 22-02-2005 à 13:14:25    
| Le Promeneur du Champ de Mars
Alors, personne n'est allé voir le film sur Tonton ? Personnellement, après des mois de disette cinématographique (dernier film vu : le prévisible "Les Soeurs fâchées", assez oubliable), j'avais vraiment envie de revoir notre vieux président, le président de mon enfance, sous les traits de Michel Bouquet.
J'ai beaucoup aimé ce film, bien que j'aie été surprise que Guédiguian - plutôt de tendance communiste, me semble-t-il - n'ait pas été plus incisif envers le bilan des deux septennats de Mitterrand. Mais il faut dire que son scénario se base sur le livre de Georges-Marc Bénamou, très mitterrandien. Donc dans ce film, François Mitterrand est plutôt représenté comme un bon pépé fatigué, avec ses zones d'ombres, certes (l'insistance sur la période floue de Vichy est tout de même maladroitement appuyée), mais le mot toujours vif (ce qui colle assez bien au personnage Mitterrand tel que le représente la légende : un type d'une culture impressionnante et au verbe toujours affuté), souvent drôle et l'oeil parfois coquin.
A peine quelques reproches de-ci de-là, dans la bouche du jeune idéaliste interprété par Jalil Lespert et son entourage. D'ailleurs, quand le film s'éloigne de la figure du président-symbole, il prend un ton didactique un peu factice : les dialogues entre le jeune homme et ses beaux-parents, pire, sa rencontre un peu nunuche avec sa "femme du nord" (désignée par Tonton tout-puissant)...
C'est donc quand on revient à la figure présidentielle qu'on est happé : le discours à Liévin, qui rappelle l'attachement à la classe ouvrière (que le PS a bien oubliée !), le courage et l'orgueil démesuré du vieil homme, son côté énigmatique à la fois fascinant et antipathique ("vous êtes trop sensible, Antoine... Il faut avoir la passion de l'indifférence." )
La caméra s'attarde sur des détails, contemplatrice, comme le personnage central du film. Le film est lent et beau. C'est un bel hommage, qui n'élude pas quelques questions "qui fâchent', à un président controversé mais à la personnalité extraordinaire. Un peu trop beau, sans doute, aux yeux des déçus du socialisme. Mais rien que pour Michel Bouquet, sublime, à voir.
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Wer, wenn ich schrie, hörte mich denn aus der Engel Ordnungen? - R.M. RILKE
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| | Cuauhtli | | Modératrice | | Pipelette ;) |  | | 353 messages postés |
| Posté le 22-02-2005 à 14:15:56
| Celine, je comptais y aller aujourd'hui à 14h, mais j'ai raté la séance, et j'ai un RV avec une copine + tard; ce sera donc pour demain.
Bien entendu, dès la sortie du film, j'avais prévu de le voir! As-tu entendu la critique (unanimement élogieuse) du Masque dimanche dernier?
Bon. Je réagirai ici après l'avoir vu. Pour l'heure, justement, je file à mon RV. Merci de ton commentaire, et à suivre...
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 Cuauhtli
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| | Thibault | | Modérateur | | Pipelette ;) |  | | 332 messages postés |
| Posté le 22-02-2005 à 14:25:48
| Je suis impressioné par ton commentaire Céline, même si le sujet m'intéresse peu. Je ne pense pas que en Belgique on aurait l'idée de faire un film sur un de nos premiers ministres ! Ou bien est-ce moi qui suis particulièrement a-politique ?
On a eu Jean-Luc Dehaene qui a marqué les esprits quand même....
En Belgique, même si ses compétences sont limitées, ce sont les Rois qui marquent l'inconscient collectif. Un film sur la figure de feu Roi Baudouin aurait probablement un certain succès. Mais là non plus, je ne suis pas foncièrement royaliste...
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| | celine | | Webmiss | | Administrateur | | | 591 messages postés |
| Posté le 22-02-2005 à 20:34:05
| Oh oui alors ! J'ai beaucoup aimé le film : je pense que c'est un portrait assez juste et fidèle de Mitterrand, homme (l'homme de lettres cultivé, bienveillant et assassin, attirant à lui tous ceux qui l'entourent comme un aimant), en revanche, il est probable que certains socialistes, déçus, n'apprécieront pas ce film globalement bienveillant. C'est vrai qu'il plonge dans une certaine tontonostalgie.
Pour ma part, j'avoue que son bilan politique me semble mitigé (bien sûr, il a mené la gauche à la crédibilité et au pouvoir, mais a aussi favorisé la montée du FN pour tuer le PC, par de bas calculs, a décapité certains de ses "rivaux" avec une férocité effrayante - Rocard, Cresson), mais bon, tout de même, où seraient-ils les Jospin et Holland, complètement mous du genou et fades, aujourd'hui, sans le charisme de Mitterrand ?!
Je suis trop jeune pour me souvenir de la joie de 1981, en revanche, je me souviens très bien de la liesse de 1988 (mes parents sautaient littéralement dans le salon en hurlant de bonheur !), qui me semble autre chose que la joie qui a secoué les partisans de la droite lors de l'élection sans panache de Chirac en 1995 !!!
Alors c'est vrai qu'on aurait aimé un peu plus de socialisme chez Mitterrand, mais il est probable qu'il ait été le dernier des "Grands présidents", après De Gaulle. Ca m'a fait plaisir de le revoir, vraiment, malgré le procès actuel des écoutes, malgré Mazarine élevée aux frais des contribuables, malgré le Rwanda... (Jacques a sans doute plus de casseroles aux fesses que François, lol.)
Enfin bon, ne parlons pas trop politique, mais ce film m'a rendue nostalgique et finalement, je crois qu'il a réveillé ma conscience politique endormie, bizarrement. Il est temps d'avoir un vrai PS en France !
Non Claudine, je n'ai pas entendu les critiques du Masque et la Plume - je n'écoute plus l'émission depuis des années, muf.
En revanche, j'ai lu la critique de Télérama, super élogieuse (Télérama a toujours adoré Guédiguian) et celle des Cahiers, comme toujours à moitié compréhensible mais beaucoup moins enthousiaste.
Personnellement, je trouve que c'est un très beau film sur un vieux président mourant. En plus Mimi m'a toujours fascinée (sa culture et son usage toujours impeccable de la phrase juste). Mais après, chacun a son idée de Mitterrand aussi !
Thibault, moi je pense qu'un film sur le Roi Baudoin aurait beaucoup de succès ! Et puis bon, dans le film de Guédiguian, il y a peut-être aussi un petit côté "voyeur" (l'homme de pouvoir face à la mort : comment a-t-il tenu le coup ? L'histoire du cancer a tout de même été un scandale car Mitterrand avait promis d'être totalement transparent sur sa santé suite à Pompidou !) qui intéresse tout le monde. Les gens ont toujours envie de découvrir l'envers du décor. Ca fait un peu fausse télé-réalité chez les puissants 
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| | Cuauhtli | | Modératrice | | Pipelette ;) | | | 353 messages postés |
| Posté le 28-02-2005 à 12:56:49
| Bon. J'ai un peu tardé, mais voici mon sentiment.
j'ai beaucoup aimé ce film. Evidemment, je l'ai vu avec un autre regard que Céline, puisqu'en 1981 j'avais 31 ans... Je me souviens être sortie euphorique dans la rue ce soir-là. Il pluviotait, j'habitais Colombes (92), et ne pouvais hélas pas cingler illico vers Paris et La Bastille car j'étais seule avec mon fils qui avait 4 ans. Nous sommes donc allés benoîtement à la mairie de Colombes (communiste). L' atmosphère était extrêmement émouvante: il y avait un monde fou, tout le monde se souriait, de vieux militants ouvriers avaient des larmes dans les yeux. Mon coeur -de gauche, comme chacun le sait maintenant ici, lol!- bondissait dans ma poitrine, pourtant, je me sentais imperceptiblement décalée: je savais déjà qu'un mois après je partirais vivre au Mexique, peut-être pour toujours: ce n'était donc plus tout à fait mon histoire... J'ai pourtant appelé au tel tous mes amis mexicains -là-bas, c'était le début de l'après-midi- pour partager ce moment, déjà, avec eux.
Bon. Revenons au film. Son minimalisme m'a enthousiasmée: rien de voyeur, rien de trop, aucun personnage people: une méditation sur le pouvoir et la mort; floue, subjective, volontairement incomplète, avec un sens de la litote étonnant chez Guédiguian dont la veine méridionale est d'ordinaire un peu lourdingue. Michel Bouquet est impérial, génial, (César 2006? rêvons aussi!).
Ce n'est pas un bilan amer, ce n'est pas un film "politique": donc tant pis si les sujets qui fâchent (Bousquet) ne sont qu'effleurés, et si la grande envolée de gauche (à Lievin) n'est pas en situation... En fait, on y parle d'amour. Et j'ai senti souvent que ce Mitterand qui m'avait tant déçue, que je croyais détester pour ses compromissions, ses choix liberaux, son gouvernement caviar, notre déception, etc., eh bien, je crois que quelque part, je l'aimais aussi. Bon j'arrête là, ça commence à devenir dégoulinant, lol, justement tout ce qu'évite ce film...
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Cuauhtli
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